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— Que veut-il ? qui lui a donné mon adresse ? Ah ! mon Dieu, maman, je n’y survivrai pas ! maman, mes pauvres enfants !

À ces derniers mots, jetés d’une voix perçante, Cécile s’élança dans le salon, se laissa tomber sur le divan, et là s’épanouit en l’une de ces pâmoisons dont madame Fressurey avait encore la bonté de s’effrayer par habitude quoiqu’elle en connût parfaitement la marche et les suites peu dangereuses ; elle courut donc à la suite de sa fille, le bonnet en l’air, les traits renversés.

— Ma fille ! mon enfant ! ne t’inquiète pas, ce n’est rien ; tu as voulu savoir… Je t’aurais caché… donne-toi patience… ah ! quels nerfs ! quels nerfs !

Elle avait coupé les cordons de la robe de Cécile, elle cherchait des flacons çà et là ; et cependant madame Schérer, dont l’éducation, comme on sait, n’avait point gêné l’excessive sensibilité, madame Schérer, dis je, livrait un combat des plus rudes à l’un des coussins du divan, qu’elle avait saisi corps à corps.

En sa qualité d’ancienne artiste, Cécile avait étudié sur le vif ces contorsions du drame, qui, du théâtre, ont passé dans les mœurs d’un certain public ; elle en avait fait bon usage dans ses rapports avec Baffi et ses prédécesseurs ; et dans ses plus vifs chagrins, le soin de la mise en scène jamais ne l’abandonna. Si ses cheveux étaient épars, ses bras tordus, ses nœuds rompus, c’était à bon escient ; elle s’écriait donc avec des hoquets tragiques, en se démenant sur le divan.

— Ma position ! mon avenir !