Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et comment marche-t-il ? dit la mère ?

— Il les a, il les a, reprit vite madame Gidoin ; du moins il en a une, il les a même toutes deux, mais la gauche est en bois.

— Allons, dit Cécile découragée, voilà qu’il a une jambe de bois, maintenant.

— Dame, je ne vous l’ai pas caché ; c’est un invalide. On n’est pas invalide pour rien du tout ; sous ce rapport-là, un invalide n’est jamais au complet. C’est la loi qui veut ça.

— Qu’est-ce que ça te fait donc ? dit rondement la mère.

— Oh ! mon Dieu, rien du tout, dit Cécile en s’abandonnant.

— Voilà donc qui est décidé, reprit madame Gidoin.

— Il faudra consulter M. le comte, reprit Cécile avec dignité.

— Cet arrangement ne peut que lui plaire, dit madame Gidoin, ou il serait bien difficile.

— Ah ! dit la mère, il nous faudra des témoins.

— Ce n’est pas ça qui manque, on en trouve toujours, des témoins. Cécile aura toujours bien son coiffeur, l’épicier qui vous fournit ne demandera pas mieux que de vous rendre service. Dans tous les cas, je vous aurai, en fait de marchands patentés, des gens qui seront témoins de tout ce que vous voudrez.

— Pour ça, dit madame Fressurey, ce sont de vrais comparses. Nous en aurons toujours bien quatre.

— Eh bien, poursuivit madame Gidoin, je n’aurai plus qu’à guetter notre homme pour lui faire nos propositions.

— De notre côté nous allons communiquer la chose à