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soixante et onze ans qui fait de ces excès-là ! mais c’est un hasard qui vous le conserve !

— C’est vrai ! reprit la mère saisissant tout le mérite des calculs de madame Gidoin ; c’est vrai, mon enfant, madame Gidoin a raison ; c’est un bonheur que cet homme ait cette infirmité, il est fait pour toi. Enfin, qu’est ce que tu demandes ? à t’établir honorablement aux yeux de la loi, et ta liberté le plus tôt possible.

— Pardine ! reprit madame Gidoin, enorgueillie en se voyant comprise, le jour de la noce va peut-être l’achever, cet homme, s’il se met à boire pour la circonstance.

Cécile parut se rendre à l’importance de cet avantage, qu’elle goûtait mieux peut-être qu’elle n’eût voulu en avoir l’air.

— C’est égal, dit-elle en minaudant, c’est une chose terrible que cette nécessité !

— Mais, dites-moi, madame Gidoin, reprit la mère, parlons à présent des affaires d’intérêt ; vous pensez qu’il faut toujours l’indemniser ?

— Ah ! dame, oui, c’est indispensable. Point d’argent, point de suisse. Mais j’oubliais de vous dire encore un avantage, car cet homme-là a tout pour lui, on pourra l’avoir pour vingt francs par mois.

— Viager ?

— Naturellement, et d’après ce que je vous dis, ça ne durera pas. Et même à votre place, je ferais un petit sacrifice dans les commencements, qui deviendrait tout profit par la suite. Plus on lui donnera, plus il boira, et plus tôt…