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pérances. Les dames Fressurey ayant mûrement pesé ce projet entre elles, la mère en fit voir tous les avantages à Cécile. Porter un nom incontestable, et se voir légitimement couchée sur les registres de l’état-civil, c’était de quoi la décider ; car l’unique affront qui pût troubler l’orgueil de ces dames venait uniquement de leur figure suspecte dans le monde.

Baffi, consulté là-dessus, ne fut point difficile à convaincre ; il parut même flatté qu’un homme voulût bien prêter son nom à cette intrigue sans nourrir d’autres prétentions. Il ne vit là qu’une rouerie aristocratique de la régence, dont la mode recherche les traditions. On se garda bien de lui dire le rang positif du futur époux ; on parla seulement d’un ancien militaire ; cette qualité caressait l’orgueil du jeune homme.

À quelques jours de là, Madame Gidoin reparut la joie sur le visage, et se jeta tout essoufflée dans un fauteuil.

— Mes enfants, j’ai votre affaire !

— Vraiment ! cette bonne madame Gidoin ! Eh bien, contez-nous donc ça !

— Laissez-moi souffler ; je n’en puis plus. J’étais si contente ! j’ai couru, j’ai monté quatre à quatre ; je suis sur les dents.

— Maman, donne donc un verre d’eau sucrée !

— Merci.

— Un verre de vin de Bordeaux ?

— Je ne prends jamais rien à jeun.

— Une goutte de cognac ?

— Va pour le cognac.

— À la bonne heure ! dit la mère Fressurey.