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vait faire de tels efforts que ces difficultés fussent surmontées. L’important pour le présent, dans le plus cher intérêt de ces dames, était de régulariser leur situation et celle des enfants ; d’avoir un nom, de rentrer dans le monde et d’y soutenir sans affront le personnage que l’aisance leur permettait de jouer.

La caque, comme on dit, sent toujours le hareng, et je m’aperçois que cette histoire bourrée de proverbes, semble écrite par Sancho Pança, qui sans doute l’écrirait mieux. Quoi qu’il en soit, on ne se tire jamais si nettement des mauvaises compagnies qu’on n’y garde encore quelques bons amis. À ce titre, mademoiselle Cécile voyait souvent une certaine madame Gidoin, autrefois marchande à la toilette, vivant à présent de quelque revenu soutenu de diverses petites industries qui lui donnaient peu de soin. Les dames Fressurey eurent souvent recours à elle dans leurs malheurs ; et, s’il faut le dire, elle avait fourni les avances de nippes quand le Baffi s’était montré. Elle avait ainsi notablement contribué à la conquête de notre Italien, en retour de quoi on lui gardait certaine reconnaissance. Madame Gidoin, d’ailleurs, était discrète comme une tombe. Cette qualité de son premier métier n’était pas pour peu dans le profit qu’elle y avait fait ; les dames Fressurey lui devaient enfin bien des bons conseils depuis leur prospérité renaissante, car madame Gidoin était remplie d’expérience. Elle fut mûrement consultée dans l’embarras présent, et ce ne fut pas en vain.

— Je vois ce qu’il vous faut, dit Madame Gidoin en embrassant la situation d’un coup d’œil ; c’est un mari.