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une fabrique de noir animal, où l’on amasse des os pleins de pourriture qui en font une vraie voirie.

— Ah fi ! dit frère Paul.

— Mais quoi, dit Dumarsouin, les gens qui travaillent là y sont accoutumés, ils sont bien payés, et ces industries font le bonheur du peuple. Parlez-moi de cette agitation pour faire fleurir les états. Vous allez voir comme tous ces ouvriers vivent en bon ordre, heureux et contents.

Cependant le faubourg s’allongeait toujours, ce qui fournit à Dumarsouin de nouveaux sujets d’admiration sur l’agrandissement de la capitale ; enfin on découvrit un bout de gazon, puis des arbres et puis la campagne.

— Je ne suis pas fâché de voir quelques choux, soupira frère Paul.

Dans un site enchanteur, sur les bords d’une rivière qui en cet endroit baignait dans ses contours de petites îles verdoyantes, à mi-côte d’une colline couronnée de vieilles futaies, s’élevait une charmante habitation d’un style ancien, qui jadis sans doute avait servi de maison des champs à quelque gros seigneur. Elle était environnée de jardins qui s’étendaient à souhait sur la hauteur, avec des terrasses d’une vue admirable sur la rivière et sur les plaines.

— C’est ici, dit Dumarsouin.

— Voilà dit l’oncle, un séjour enchanteur.

— Oui, dit le neveu, cela appartenait autrefois à quelque fainéant de président qui n’avait qu’à bayer aux corneilles pour se délasser de sa charge. Il avait fait ici des allées, des plates-bandes, de gentils bosquets, des bibliothèques et des cabinets de tableaux. Vous allez voir quel parti nous avons tiré de cette bicoque.