Page:Ourliac - Nouvelles.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’INGÉNIEUX THIBAULT


Les conteurs du jour ont mille raisons pour ne rien inventer, et la première est qu’ils n’ont pas le temps. Là-dessus le bon roi Henri aurait dispensé des autres. Il faut trop écrire en ce temps-ci pour faire quelque attention à ce qu’on écrit ; et d’ailleurs, voulût-on créer, peut-être on ne le pourrait plus : il est donc permis désormais de copier servilement la nature, au moins mal possible et selon que tel ou tel original précieux tombe sous nos yeux ; encore les originaux deviennent-ils rares. Molière peignait des caractères, nous ne dessinons plus que des physionomies, comme autrefois Raphaël faisait des tableaux, et nous en sommes réduits aux caricatures : le vrai mot des deux parts serait charges, je crois. Je m’arrête de peur de choquer les gens du progrès.

Caricature ou ébauche, ce genre de travail a réussi auprès du public, on n’en demande pas davantage. C’est donc un simple portrait que je vais faire ; qu’on n’y cherche ni composition, ni arrangement, ni péripétie, ni catastrophe,