Page:Ostervald - La Sainte Bible, 1867.djvu/618

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

27 alors il la vit et la découvrit ; il la prépara, et même il la sonda jusqu’au fond.

28 Puis il dit à l’homme : Voilà, la crainte du Seigneur est la vraie sagesse, et l’intelligence consiste à se détourner du mal.



Description du premier état de Job, et de sa grande prospérité.


1 Et Job continuant, reprit son discours sentencieux, et dit :

2 Oh ! qui me ferait être comme j’étais autrefois, comme j’étais dans ces jours où Dieu me gardait !

3 quand il faisait luire son flambeau sur ma tête, et quand, par sa lumière, je marchais dans les ténèbres !

4 Comme j’étais aux jours de ma jeunesse, dans le conseil secret de Dieu, dans ma tente ;

5 quand le Tout-Puissant était encore avec moi, et mes gens autour de moi ;

6 quand je lavais mes pas dans le beurre, et que des ruisseaux d’huile découlaient pour moi du rocher ;

7 quand je sortais vers la porte, passant par la ville, et que je me faisais préparer un siége dans la place ;

8 les jeunes gens me voyant, se retiraient ; les plus anciens se levaient et se tenaient debout.

9 Les principaux s’abstenaient de parler, et mettaient la main sur leur bouche.

10 Les conducteurs retenaient leur voix, et leur langue était attachée à leur palais.

11 L’oreille qui m’entendait disait que j’étais bien heureux ; et l’œil qui me voyait me rendait témoignage ;

12 car je délivrais l’affligé qui criait, et l’orphelin qui n’avait personne pour le secourir.

13 La bénédiction de celui qui s’en allait périr venait sur moi, et je faisais que le cœur de la veuve chantait de joie.

14 J’étais revêtu de justice ; elle me servait de vêtement, mon équité m’était comme un manteau, et comme une tiare.

15 Je servais d’yeux à l’aveugle, et de pieds au boiteux.

16 J’étais le père des pauvres, et je m’informais diligemment de la cause qui ne m’était point connue.

17 Je brisais les mâchoires de l’injuste, et je lui arrachais la proie d’entre ses dents.

18 Et je disais : Je mourrai dans mon nid, et je multiplierai mes jours comme des grains de sable.

19 Ma racine s’étendait sur les eaux, et la rosée demeurait toute la nuit sur mes branches.

20 Ma gloire se renouvelait en moi, et mon arc se renforçait dans mes mains.

21 On m’écoutait, et on attendait que j’eusse parlé, et on se taisait après avoir entendu mon avis.

22 Ils ne répliquaient rien après ce que je disais, et ma parole tombait sur eux comme les gouttes de la pluie.

23 Ils m’attendaient comme la pluie ; ils ouvraient leur bouche comme après la pluie de l’arrière-saison.

24 Riais-je avec eux, ils ne le croyaient pas ; et ils ne faisaient point déchoir la sérénité de mon visage.

25 Voulais-je aller avec eux, j’étais assis dans la première place ; j’étais entre eux comme un roi dans son armée, et comme celui qui console les affligés.



Job décrit le grand changement de sa condition.


1 Mais maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi ; ceux-là même dont je n’aurais pas daigné mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.

2 Et qu’avais-je à faire de la force de leurs mains ? La vieillesse était périe en eux.

3 Pressés par la disette et par la faim, ils vivaient à l’écart, fuyant dans les lieux arides, ténébreux, désolés et déserts.

4 Ils coupaient des herbes sauvages auprès des arbrisseaux, et la racine des genièvres pour se chauffer.