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IV AVANT-PROPOS

de vérifier ses données : il suffit de s’en rapporter au texte d’où elle est extraite.

Certes, rechercher chez un philosophe les bases essentielles de son œuvre est pour lui une épreuve dangereuse. L’édifice moral qu’il a construit doit être vraiment puissant pour qu’on puisse en dégager et mettre à jour les colonnes qui le soutiennent. Cette expérience est terrible surtout quand elle n’est pas tentée par une main pieuse. Tolstoï en sort victorieux. Sa pensée, forte et claire, ne craint aucun isolement et — ce qui est autrement rare et important — elle garde toujours l’empreinte de son créateur, malgré ce dernier, grâce uniquement à sa puissance intérieure, à son originalité naturelle, aux principes que personnifie son moi moral. Tolstoï vit et vivra longtemps dans ces Pensées. Il est là tout entier avec toutes les grandes idées qu’a remuées, à chaque moment de son évolution, sa belle et vaste intelligence. Ce n’est pas en vain qu’on considère les Pensées comme « le bréviaire du tolstoïsme ¹ ». Leur valeur morale est d’autant plus grande qu’elles sont exemptes de tout commentaire, de toute appréciation. C’est dans un autre ouvrage, La Philosophie de Tolstoï, que j’ai étudié la vie et l’œuvre du penseur russe dans leur ensemble.

1. Revue philosophique, juin 1899.