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Un employé de la municipalité s’amusa à graver avec un clou le dessin de la guillotine sur le chambranle d’une fenêtre de la Mairie. On peut encore voir aujourd’hui ce dessin à la fenêtre du bureau de la comptabilité.

Leperdit, navré d’avoir, chaque jour, sous les yeux l’affreux spectacle des exécutions et de voir le sang des suppliciés former des mares devant la Mairie, s’en alla trouver Carrier pour lui dire que l’échafaud serait mieux sur la place de l’Égalité (place du Palais), dressé au-dessus d’un soupirail dans lequel le sang pourrait couler et disparaître.

Il obtint ce qu’il désirait.

En 1794, on vit apparaître sur les marches de l’Hôtel de Ville le citoyen Leperdit, maire de Rennes, voulant calmer la populace demandant du pain.

Des misérables lui lancèrent des pierres dont l’une l’atteignit au front.

« Mes amis », dit Leperdit, en souriant, « je ne puis malheureusement, comme le Christ, changer ces pierres en pain. Quant à mon sang, je vous le donnerais avec joie jusqu’à la dernière goutte, s’il pouvait vous nourrir. »

À ces mots sublimes la foule, regrettant ce qu’elle a fait, pleure, baise les mains du maire et le porte en triomphe jusque chez lui.