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AU PAYS DE RENNES

Châteaugiron accompagnée de 119 chevaliers et écuyers. Les habitants et le clergé se rendirent au-devant d’elle et la rencontrèrent montée sur une blanche haquenée, et vêtue d’une robe de velours cramoisi garnie d’hermine. Un gentilhomme à pied portait la queue de sa robe. Elle était suivie de Marguerite de Derval, sa belle-sœur, et de cinq demoiselles d’honneur montées également sur des cavales blanches. Un immense char décoré avec goût, occupé par neuf autres jeunes filles, était traîné par six chevaux couverts de velours portant les armes de Châteaugiron et de Laval.

Les maisons étaient pavoisées et couvertes de tapisseries.

Le seigneur de la Châtaignerais prit la bride du cheval de la dame de Châteaugiron, qu’il conduisit, tête nue, sans bottes ni éperons, par la grande rue jusqu’à l’église paroissiale de Sainte-Croix.

La mariée se rendit ensuite au prieuré, où elle dîna. Les bourgeois de la ville vinrent lui offrir deux bassins d’argent.

Un droit était alors attaché à la baronnie de Châteaugiron. Le possesseur d’un certain héritage était tenu, sous peine de perdre la jouissance de ses revenus de l’année, de venir, le premier mai, chanter sur le pont du château, après la grand’messe, devant les officiers de la juridiction, une chanson dont on ne sait plus que le premier couplet :

Belle bergère, Dieu vous gard
Tant vous estes belle et jolie !
Le filz du roi, Dieu vous saulve et gard,