Page:Orain - Au pays de Rennes.djvu/223

Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
CANTON SUD-OUEST DE RENNES

dans le bourg de Chanteloup, ni ailleurs. Que devint-il ? Voilà ce qu’on ignore.

Des voyageurs annuités par les chemins affirment cependant avoir entendu des sanglots près de la mare profonde ; il y en a même qui ont vu un homme en prières sur le bord ; mais personne n’a pu assurer que ce fut Pierre Sauvage.

Depuis ce terrible événement, cette carrière s’appelle la Mare à la Fiancée. Près d’elle se dresse une croix qui a été élevée par les gens de la défunte. Pas un chrétien ne passe là désormais sans faire un signe de croix pour le soulagement des âmes du purgatoire. Il en faut encore beaucoup, paraît-il, puisque chaque année la noyée vient prier les fidèles de la délivrer par leurs prières. Cela vous sera affirmé par tous les rouliers et autres voyageurs qui sont passés devant la Mare à la Fiancée, la nuit de Noël. Une forme blanche, qui gémit et soupire, apparaît tous les ans derrière les roseaux.

IV

Ce qui prouve, dit en terminant le père Sanglé, qu’on ne doit point aller distrait dans la maison du bon Dieu, pour y rire et causer. D’un autre côté, le doigt de la Providence est bien visible dans tout cela : la sainte Vierge n’a pas voulu que son alouette fut mangée par le chat-huant. Vous comprenez bien qu’elle n’aurait pas permis qu’une jeunesse sage et pieuse devînt la ménagère d’un réprouvé comme Jean Jumel.