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AU PAYS DE RENNES

ment sur le sol. Ce bruit, à deux pas du cheval, effraya l’animal, qui avança subitement et roula dans l’abîme, entraînant sa maîtresse.

Ceci se passa en moins de temps que je n’en ai mis à vous le raconter.

Un homme, déchiré par les épines, se dressa soudain, semblable à un fantôme, et plongea dans la carrière. Il y resta longtemps, laissant dans l’anxiété les malheureux parents de Rose, qui se lamentaient. Il reparut enfin, mais seul ! Des cris sortaient de sa poitrine. Mutilé par les pierres, sanglant, affreux, couvert de boue, désespéré, cet homme était effrayant à voir ! Trois fois il recommença ses périlleuses recherches, et trois fois reparut seul à la surface de l’eau. Bientôt épuisé, n’en pouvant plus, anéanti, brisé, il resta étendu sur la berge, sans mouvement et sans vie.

Pendant ce temps-là, Jean Jumel s’était contenté d’appeler du secours et d’aller en chercher dans les fermes voisines ; mais tout fut inutile. On ne parvînt pas à retrouver le corps de la pauvre Rose, et, chose plus étonnante encore, il n’a jamais été retrouvé depuis.

Lorsque les premiers rayons du jour éclairèrent cette scène, tout était rentré dans le silence. Les parents de la fiancée avaient été emmenés par des amis, et l’homme souillé de boue avait disparu.

À partir de ce moment, l’on ne revit jamais Pierre Sauvage, ni