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LA PLACE DES LICES

À leurs pieds était une sébille dans laquelle les passants déposaient des liards ou des sous pour apporter quelques adoucissements aux condamnés dans leur prison.

Lorsque l’un d’eux devait être marqué, on voyait le bourreau arriver avec son réchaud. Il se dirigeait vers la boutique d’un cloutier appelé Rageaud, qui demeurait rue des Innocents, chez lequel il allait allumer son charbon et faire chauffer ses fers.

Quand les instruments étaient rouges, il se rendait sur l’estrade, découvrait l’épaule du pauvre diable, posait le fer rouge sur l’omoplate. La chair grillait, la brûlure fumait, un cri perçant se faisait entendre, puis, si c’était un voleur, un V apparaissait ou bien les lettres T F P, s’il s’agissait d’un condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Le bourreau frottait la blessure avec de la graisse, revêtait le patient et l’opération était terminée.

On emmenait le condamné.

Les amateurs de ce spectacle attendaient le samedi suivant avec impatience.

Le pilori de la place des Lices fut, paraît-il, transféré plus tard sur la place du Palais.

Plusieurs vieillards de Rennes nous ont affirmé qu’ils avaient vu marquer des condamnés sur la place du Palais, jusqu’en 1823.

On rencontre sur les Lices, de vieilles maisons de bois intéressantes, et tout au bas, au numéro 34, l’hôtel du Molan, que fit cons-