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LE MAIL

qui servait à conduire les pauvres à leur dernière demeure. Nous nous rappelons parfaitement l’avoir vu.

L’appellation de ouau-ouau venait sans doute de ce que le véhicule était tout au plus propre au transport des cadavres de chiens.

Le cimetière de la Paillette était situé près du Mail, à l’endroit occupé aujourd’hui par la ruelle de Polieu, que l’on s’obstine à tort à orthographier Paux-lieux.

Dans ce cimetière, une fosse commune avait été creusée pour recevoir les corps des indigents et principalement les morts de Saint-Yves.

Ce fut donc là que l’ouvrier de la rue Nantaise fut amené. On le fit glisser sur une planche au fond de la fosse, on jeta de la chaux dessus, et les quelques personnes qui l’avaient suivi s’en allèrent.

Le malheureux n’était pas mort et était seulement en léthargie. Le froid de la nuit suivante le fit revenir à la vie. Il se réveilla couché sur des cadavres.

C’était un homme jeune, d’une vigoureuse constitution, marié depuis peu de temps. Comme la lune éclairait la fosse, il reconnut au bout d’un instant l’endroit où il se trouvait.

La planche qui avait servi à le faire glisser dans le trou était encore là fort heureusement et lui permit de sortir de ce lieu sinistre.

La rue Nantaise était proche ; il put se traîner jusqu’à la porte de la chambre de sa femme.