Page:Opuscules philosophiques et littéraires. La plupart posthumes ou inédites.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la gloire, dont on peut jouir de son vivant ; mais il n’y a guères de héros, en quelque genre que ce soit, qui voulût se détacher entièrement des applaudissemens de la postérité, dont on attend même plus de justice que de ses contemporains. On ne s’avoue pas toujours le desir vague de faire parler de soi quand on ne sera plus ; mais il est toujours au fond de notre cœur. La philosophie voudroit en faire sentir la vanité ; mais le sentiment prend le dessus et ce plaisir n’est point une illusion, car il nous prouve le bien réel de jouir de notre réputation future. Si le présent étoit notre unique bien, nos plaisirs seroient plus bornés qu’ils ne le sont. Nous sommes heureux dans le moment présent, non seulement par nos jouissances actuelles, mais par nos espérances, par nos réminiscences. Le présent s’enrichit du passé et de l’avenir. Qui travailleroit pour ses enfans, pour la grandeur de sa maison, si on ne jouissoit pas de l’avenir ? Nous avons beau faire ; l’amour-propre est toujours le mobile plus ou moins caché de nos actions ; c’est le vent