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vicieux, et la démonstration de cet axiome est dans le cœur de tous les hommes. Je soutiens même aux plus scélérats qu’il n’y en a aucun à qui les reproches de sa conscience, c’est-à-dire de son sentiment intérieur, le mépris qu’il sent qu’il mérite, et qu’il éprouve dès qu’on le connoît, ne tienne lieu de supplice : je n’entends pas par scélérats, les voleurs, les assassins, les empoisonneurs ; ils ne peuvent se trouver dans la classe des gens pour qui j’écris ; mais je donne ce nom aux gens faux et perfides, aux calomniateurs, aux délateurs, aux ingrats, enfin à tous ceux qui sont atteints des vices contre lesquels les lois n’ont point sévi, mais contre lesquels celles des mœurs et de la société ont porté des arrêts d’autant plus terribles qu’ils sont toujours exécutés.

Je maintiens donc qu’il n’y a personne sur la terre qui puisse sentir qu’on le méprise sans être au désespoir. Ce mépris public, cette animadversion des gens de bien, est un supplice plus cruel que tous ceux que