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de nous en défaire. Nous avons tous la portion d’esprit nécessaire pour examiner les choses qu’on veut nous obliger de croire ; pour savoir, par exemple, si deux et deux font quatre ou cinq : et d’ailleurs dans ce siècle on ne manque pas de secours pour s’instruire. Je sais qu’il y a d’autres préjugés que ceux de la superstition ; et je crois qu’ils sont très-bons à secouer, quoiqu’il n’y en ait aucun qui influe autant sur notre bonheur et notre malheur que ceux de la superstition : qui dit préjugé, dit une opinion qu’on a reçue sans examen, parce qu’elle ne le soutiendroit pas. L’erreur ne peut jamais être un bien, et elle est sûrement un grand mal dans les choses d’où dépend la conduite de la vie.

Il ne faut pas confondre les préjugés avec les bienséances ; les préjugés n’ont aucune vérité et ne peuvent être utiles qu’aux ames mal faites ; car il y a des ames corrompues comme des corps contrefaits. Celles-là sont hors de rang, et je n’ai rien à leur dire : les bienséances ont une vérité de conven-