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sortes de conditions et pour toutes sortes de personnes : tous les états ne sont pas susceptibles de la même espèce de bonheur. Je n’écris que pour ce qu’on appelle gens du monde ; c’est-à-dire pour ceux qui ont une fortune toute faite, plus ou moins brillante, plus ou moins opulente, mais enfin telle qu’ils peuvent rester dans leur état, sans en rougir ; et ce ne sont peut-être pas les plus aisés à rendre heureux.

Mais pour avoir des passions, pour pouvoir les satisfaire, il faut, sans doute, se bien porter ; c’est là le premier bien : or, ce bien n’est pas si indépendant de nous qu’on le pense. Comme nous sommes tous nés sains (je dis en général) et faits pour durer un certain tems, il est sûr que si nous ne détruisions pas notre tempérament par la gourmandise, par les veilles, par les excès enfin, nous vivrions tous à-peu-près ce qu’on appelle âge d’homme : j’en excepte les morts violentes, qu’on ne peut prévoir, et dont par conséquent il est inutile de s’occuper. Mais, me répondra-t-on, si votre passion est la