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de leur vie leur fourniroient trop lentement. Empêchons-les de perdre une partie du tems précieux et court que nous avons à sentir et à penser, et de passer, à calfater leurs vaisseaux, le tems qu’ils doivent employer à se procurer les plaisirs qu’ils peuvent goûter dans leur navigation.

Il faut pour être heureux, s’être défait des préjugés ; être vertueux ; se bien porter ; avoir des goûts et des passions ; être susceptible d’illusion ; car nous devons la plupart de nos plaisirs à l’illusion, et malheureux est celui qui la perd. Loin donc de chercher à la faire disparoître par le flambeau de la raison, tâchez d’épaissir le vernis qu’elle met sur la plupart des objets ; il leur est encore plus nécessaire que ne le sont à nos corps les soins et la parure.

Il faut commencer par se bien dire à soi-même, et par se bien convaincre que nous n’avons rien à faire en ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentimens agréables. Les moralistes qui disent