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usage doit-il être très modéré. Il est facile, dit l’auteur, de tomber dans l’erreur, et fort difficile d’en sortir. Idée remplie de sens et de raison, qui devrait être empreinte dans tous les esprits pour la gloire des sciences. On ne verrait plus alors tant d’hommes à paradoxes, tant de fabricateurs de systèmes, faussement décorés du beau nom de philosophe.

Je ne poursuivrai pas l’analyse de cette préface ; j’en ai assez dit pour donner une idée des rares talents et des lumières étendues qu’elle décèle. L’éloge que Quesnay y fait des Lanfranc, des Bengarius, des Guillemau, des Pigray, des Thévenins… etc. pourrait s’appliquer à lui-même. « Avec un esprit préparé par l’étude des langues savantes, cultivé par les belles-lettres, enrichi des connaissances philosophiques, il a porté la lumière dans tous les détours de son art ».

On trouve aussi dans le premier volume de la collection académique de chirurgie cinq[1] Mémoires de Quesnay, où il a pratiqué les règles qu’il avait déjà tracées dans sa préface. Il est beau de donner le précepte et l’exemple à la fois. Je ne parlerai point de ses autres ouvrages concernant la chirurgie et la médecine ; c’est aux maîtres dans ces deux sciences à décider de leur bonté, et depuis longtemps ils en ont porté un jugement qui fixe toute incertitude[2].

Quesnay avoir cédé aux vives instances de M. de la Peyronie, il avait quitté sa patrie, et s’était fixé à Paris, centre des talents, du goût et des arts. Feu M. de Villeroy se l’était attaché en qualité de son chirurgien-médecin. L’estime qu’il conçût de Quesnay le porta à solliciter pour lui la place de commissaire des guerres à Lyon, dont il était gouverneur.

À tous les talents dont la nature avait favorisé Quesnay, il joignait encore celui de ne point exciter la jalousie parmi les hommes qui courraient la même carrière. Talent rare qui vient du cœur, et qui ne s’allie guère avec ceux de l’esprit. M. de La Peyronie le fit investir de la charge de chirurgien du roi en la prévôté de l’Hôtel, ce qui lui donna l’agrégation au collège de chirurgie ; et

  1. Ce doit être quatre mémoires. A. O.
  2. Ces ouvrages sont : Le Traité de la saignée ; à Paris chez d’Houry. 1 vol. in-12. Le Traité des fièvres, 2 vol. in-12. chez le même : et le Traité de la gangrène, 2 vol. in-12. etc. (Note de l’original.)