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Chilas, sur l’Indus ; Gilgit, sur la rivière Gilgity, affluent de la droite de l’Indus, et Astor, sur un affluent de la gauche de l’Indus et dont la vallée porte à la passe de Darikhun qui s’ouvre sur le Kachmir.

La contrée que tiennent ces populations a, dès longtemps et par tradition, reçu la dénomination géographique et purement conventionnelle de Dardistan. Les habitants, selon le caprice des langues de l’Europe, y sont dénommés Dardis, Dardes ou Dards, mais leurs voisins immédiats, les Kachmiri, ainsi que nous l’avons vu, les traitent volontiers de Dardous, dénomination injurieuse qui, d’accord avec une légende accréditée, représente les habitants du Dardistan comme la descendance d’un ours[1].

Chaque caste parle un dialecte qui lui est propre, mais tous ces dialectes sont ramenés par la grammaire à la langue Shina, qui est l’idiome le plus répandu[2].

XVII

Il y a, dans ces indications à peine accentuées, bien plus qu’elles ne le disent d’abord, de valeur historique et topographique.

Aussi bien que les légendes, les traditions relèvent généralement de circonstances vraies dans leur essence, mais que le temps a obscurcies et que l’imagination a travesties.

Ici, comme par faveur spéciale, la tradition s’éclaire de l’éclat de l’étiquette qu’elle porte, et de la signification, que les faits qu’elle contient donnent directement à cette étiquette.

Le mot Dard reflète bien en effet le mot Darada des textes sanscrits, et l’intention injurieuse que, dans l’esprit de leurs voisins, ce mot renferme à l’adresse des Dardes, s’explique et s’accentue par ce fait bien connu que la Mongolie, dont rele-

  1. Major Biddulph, Tribes of the Hindoo Koosh, chap. XIV, p. 157.
  2. Même ouvrage, chap. XIV, p. 156.