Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 74 —

Mongols » ; et qu’il s’en fût tenu là. C’était sans doute rester en chemin, mais au moins ce n’était pas se contredire.

Je me demande en effet comment notre savant collègue peut affirmer que les Tibétains ne sont pas Mongols, quand il se croit autorisé à ajouter qu’il ne sait pas ce qu’ils sont.

Nous connaissons à Paris une nombreuse colonie de braves gens qui ne sont ni hommes ni femmes[1] ; mais il faut aller au Tibet de M. Girard de Rialle pour voir des hommes qui sont ce qu’ils ne sont pas.

En attendant que notre collègue veuille bien nous tirer d’embarras sur l’exacte valeur de ses déclarations ; qu’il veuille bien surtout nous expliquer comment il se fait qu’il sait ce qu’il ne sait pas, j’affirme de nouveau — en réservant toujours quelques tribus primitives aborigènes — que les Tibétains sont Mongols ; et, bien que M. Girard de Rialle, même par sa théorie sur les langues asiatiques — théorie qui n’est pas, comme nous le verrons tout à l’heure, applicable au tibétain — n’ait pas effacé les raisons que j’ai précédemment indiquées comme décisives de l’ethnique du Tibet, j’apporte aujourd’hui, à l’appui de mon affirmation, un contingent nouveau d’indications précises, puisées à bonne source.

C’est d’abord l’enseignement de l’historien chinois Ma-touan-lin ; Ma-touan-lin, le savant consciencieux dont Abel Rémusat a dit : « Sous certains rapports, on peut comparer sa géographie historique pour l’Asie orientale à ce qu’est la géographie de Strabon pour les parties occidentales de l’ancien continent[2]. »

Voici, tel que le résume Abel Rémusat, l’enseignement précis que nous fournit Ma-touan-lin sur l’ethnique des Tibétains.

  1. « Ni hommes ni femmes, tous Auvergnats ! »
  2. Abel Rémusat, Nouveaux Mélanges asiatiques, t. I, p. 186.