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(Lorsqu’ils virent le voyageur) ils le montrèrent du doigt et dirent entre eux : « Cet homme est de la patrie de nos premiers rois[1] ».

Dégageons de cette précieuse confidence de Hiouen-thsang tous les enseignements qui s’y trouvent contenus. Mais d’abord et pour nous bien orienter, sachons au juste quel est ce roi Kanichka dont parle le voyageur.

L’histoire des rois du Kachmir la Râdjatarangini de Kalhana, va nous édifier tout à la fois sur l’époque du règne du roi Kanichka et aussi — circonstance particulièrement favorable — sur sa nationalité originelle.

En ce qui concerne ce roi Kanichka, voici trois çlokas de la Râdjatarangini (liv. I, nos 168, 169, 170)[2] :

« Ensuite (c’est-à-dire après le roi Dâmôdara) régnèrent trois rois, nommés Huchka, Djuchka et Kanichka, qui bâtirent trois villes désignées par le nom de chacun d’eux.

« Djuchka, roi vertueux, construisit un vihâra[3] et les villes de Djuchkapura et de Djayasvâmi.

« Ces rois, issue de la race des Turuchkas, étaient cependant protecteurs de la vertu. Ils bâtirent, dans le champ de Çuchka et dans les autres contrées, des collèges, des temples de Buddha[4] et d’autres édifices. »

Sur la liste chronologique des rois du Kachmir, seconde période, Kanichka figure le 52e dans la série des 54 rois qui

  1. Stanislas Julien, Mémoires sur les contrées occidentales, par Hiouen-thsang. Paris, Imprimerie impériale, 1867, t. II, liv. iv, p. 199 et suiv.
  2. Râdjatarangini, Histoire des Rois du Kachmir, traduite par A. Troyer. Paris, Imprimerie royale, 1840, 3 vol.
  3. Le mot sanscrit Vihâra se rend en tibétain par g’tsug-lag-Khang et signifie un salon, un auditoire, une bibliothèque, un temple, où se conservent des livres et des images et où ont lieu des lectures, des discussions et des cérémonies religieuses (renseignements fournis à M. Troyer par Caoma de Körös). En général Vihâra se dit d’une suite d’édifices contigus à deux étages, formant un carré qui renferme un espace couvert, au milieu duquel se trouve le sanctuaire, appelé tchâîtya. (Troyer, Râdjatarangini, t. I, p. 850.)
  4. Ici se présente la question toujours controversée de la date d’existence du Bouddha, je me borne à le faire remarquer, ce n’est pas le lieu d’étudier une question aussi complexe.