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UN SAUVETAGE

Avant de se retirer, Maurice sortit de sa poche une lettre et la tendit à M. Montfort.

— Tenez, dit-il, prenez ceci, c’est la lettre de Comtois ; s’il fait le méchant, vous la sortirez et votre réélection sera certaine.

— Ah ! vous l’avez eue ! Comment diable avez-vous fait ? Ça n’a pas été trop difficile ? dit le sénateur en ne dissimulant pas sa joie.

— Pas trop difficile, dit Maurice, en pensant au baiser dont il avait payé la lettre.

Comme il sortait. Germaine le rattrapa à la porte et lui demanda :

— Et les miennes ?

— Je les aurai ce soir, affirma Maurice

Devant la villa, il rencontra Mme de Saint-Crépin qui allait rentrer, toujours sautillant, se trémoussant, minaudant :

— Oh ! cher Monsieur, j’allais vous voir.

— Désolé, chère Madame, mais j’ai à faire une course pressée.

— Je fais donc quelques pas avec vous, juste le temps de vous accabler de reproches.

— De reproches injustes, alors…

— Mais non… Vous m’aviez promis de venir me voir, vous aviez à m’apporter ma lettre…

— Vous l’aurez sans tarder, chère Madame. — c’est vrai, j’aurais pu venir, excusez-moi, beaucoup d’affaires urgentes, en ce moment.

— Oh ! tant d’affaires qui vous obligent à me négliger…

— Mais oui, mais oui, répliquait Maurice en s’éloignant.

Et il ajoutait pour lui-même :

— Mon mariage avec Germaine, le mariage du baron avec Suzanne et son enlèvement par cet intéressant José… Et elle se plaint que je la néglige !…

Le déjeuner qui suivit fut très animé par la jovialité de l’oncle, et cependant les deux jeunes gens étaient un peu émus : Maurice stupéfait par cette réussite aussi rapide et complète ; Germaine, un peu étourdie par les événements de ces derniers jours et la scène du matin qui fixait sa destinée.

Elle reçut les compliments de Suzanne et l’embrassa en lui disant :

— Je te les retournerai bientôt, j’espère.