Page:Olivier - Un sauvetage, 1938.pdf/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
UN SAUVETAGE

teur, dont je suis le secrétaire, et à qui je demandais justement la main de sa fille.

— Tu te maries, tu te maries ! s’écria le brave homme, quelle chance que j’arrive en un aussi heureux moment ! Je passais, je sais que tu es là, et j’ai voulu faire la paix avec toi, maintenant que tu es devenu sérieux.

— Oh ! mon oncle, les hostilités n’étaient pas très féroces.

— N’en parlons plus. Voyons, Monsieur le Sénateur, êtes-vous content de ce garçon-là ? Car je suis heureux de le revoir, mais je désirais vous voir aussi ; j’ai des affaires en perspective, j’aurai besoin de votre appui, enfin j’espère que nous nous entendrons… Mais nous avons le temps, parlons de lui d’abord. Donc, il vous demandait la main de Mlle Montfort.

— Nous en étions aux premiers mots, mon oncle.

— Eh bien ! Monsieur, dit l’oncle, je suis persuadé que Mlle Montfort est charmante et que vous n’avez qu’à vous féliciter de ce garçon-là.

— Sans doute, sans doute… hésitait le sénateur.

— Alors, marions-les, marions-les !… Moi je suis pour la jeunesse et pour le mariage.

— Sans doute, répétait le sénateur, mais encore faut-il examiner la situation.

— Vous avez mille fois raison. Voyons, Maurice est votre secrétaire, il peut faire son chemin dans l’administration avec vous ou, s’il préfère, dans l’industrie avec moi. Autrefois je lui servais une rente que j’ai supprimée parce qu’il a fait quelques bêtises mais s’il se range, s’il est sérieux, s’il se marie, je lui rends ma confiance et je lui donne trois cent mille francs le jour du contrat. Qu’en pensez-vous, Monsieur le Sénateur ?

— Il est bien certain, Monsieur, que si l’argent ne fait pas le bonheur, trois cent mille francs dans un jeune ménage permettent d’y voir clair et d’arranger bien des choses.

— N’est-ce pas, Monsieur !

— Reste à savoir ce qu’en pense ma fille.

À ces mots qui contenaient presque le consentement du père, le visage de Maurice s’épanouit puisqu’il était certain de l’accord de Germaine. Et comme le bon oncle disait : « C’est trop juste, Monsieur… » la porte s’ouvrit en coup de vent et Germaine apparut.

— Oh ! pardon, fit-elle en esquissant un mouvement de retraite, je ne vous savais pas en conférence.