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UN SAUVETAGE

à la promenade, ce soir, pour guetter le moment où je le trouverai seul, et tu te sacrifies aussi, amie fidèle.

Le sacrifice fut inutile. M. Montfort travailla tout l’après-midi avec son secrétaire. À mesure que le temps passait, Germaine s’énervait et Suzanne essayait de la calmer. Enfin, quand le soleil disparut dans la mer, elle lui dit :

— Ma pauvre amie, tu ne verras pas Maurice ce soir. Viens, profitons des deux dernières heures du jour. Allons faire un tour sur la plage.

Germaine hésita une minute : sur la plage, il était presque certain qu’elle rencontrerait José. Quel effet lui ferait cette rencontre ? Viendrait-il à elle ? Essaierait-il de justifier son absence ?

La curiosité l’emporta ; elle se leva, et les deux jeunes filles sortirent. Sur la plage elles rencontrèrent le baron qui les salua de son plus gracieux sourire, mais elles ne rencontrèrent pas José. Celui-ci, prudent, obéit à Maurice ; sentant que d’un mot celui-ci pouvait le brûler, il ne se montra pas.

Germaine en fut agacée et presque inquiète, Suzanne en fut contente ; s’ils s’étaient revus, que serait-il arrivé ? Mais après le dîner Maurice passa auprès de Germaine et lui murmura :

— Demain, je vous attendrai de bonne heure.


CHAPITRE V.


Et c’est le cœur battant d’émotion et d’impatience que Germaine, le lendemain, pénétra dans le bureau de son père, qu’il venait de quitter pour sa promenade quotidienne.

— Mademoiselle, dit Maurice en s’asseyant devant elle, j’espère que ce matin personne ne viendra nous déranger et que je pourrai terminer l’explication que vous attendez de moi et que je désire moi-même vous donner.

— Je l’espère aussi, dit Germaine.

— Mademoiselle, vous avez été demandée en mariage par le baron.

— Ah ! par exemple…

— Je comprends, vous vous étonnez que je sache mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises ; toute explication viendra à son moment. M. votre père verrait d’un œil assez favorable ce mariage et vous, vous refusez. Mon avis c’est