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UN SAUVETAGE

lui. Il se demandait comment il sortirait de cette aventure, en y laissant le moins possible de ses ambitions.

Au mot de fortune, il reprit espoir et releva la tête.

— Que me faudrait-il faire ? demanda-t-il à la fois ranimé et méfiant.

— Presque rien, dit Maurice : m’obéir. D’abord plus un mot à Germaine.

— Que va-t-elle penser ?

— Ne vous inquiétez pas de cela, j’arrangerai tout. Si vous obéissez, je vous donnerai dans peu de temps une indication bien plus précieuse que Germaine et moins dangereuse, car vous vous lanciez dans une aventure un peu risquée, avouez-le.

— Et… si je n’obéis pas ?.,.

— Si vous n’obéissez pas, d’abord je m’oppose à votre départ ce soir. Je crie, je fais du scandale, si bien que Germaine n’osera même pas mettre le pied dans la gare. Et si vous vouliez passer outre, eh bien, ajouta-t-il en mettant la main à son revolver, je vous fiche une balle dans la peau ! Oh ! pas pour vous tuer, non, mais dans les jambes, par exemple : deux mois d’hôpital, ça me suffira pour que Germaine vous oublie, et demain, à la première heure, tout le monde saura qui vous êtes, et Germaine la première, naturellement.

José baissait la tête, dans l’attitude de quelqu’un qui réfléchit. Maurice tira sa montre et résuma :

— Vous avez cinq minutes. Si Germaine a pu sortir de chez elle, elle va être là bientôt. Il ne faut pas qu’elle vous y trouve. Si vous restez là, grabuge, vous perdez Germaine sans compensation. Si vous obéissez, vous renoncez à Germaine, c’est vrai, mais je vous promets compensation.

Se rapprochant de lui, il lui tapota familièrement l’épaule et lui dit amicalement :

— Allons, croyez-moi, mieux vaut m’avoir comme ami que comme ennemi. Allez vous coucher. Ne sortez pas trop et attendez mes indications.

Et José vaincu, s’éloigna la tête basse.

— Ouf, fit Maurice et d’un ! À l’autre, maintenant.

L’autre, c’était Germaine. Comme il lui faudrait plus de tact, plus de doigté. José était parti, eh ! que lui importait José ! Mais Germaine qu’il aimait et qui s’était laissée entraîner à cette sotte aventure. Enfin, il arrivait avant l’irréparable.