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UN SAUVETAGE

— Rien au courrier, Maurice ?

— Rien d’intéressant. La nouvelle la plus marquante m’a été donnée par Mme de Saint-Crépin.

— Ah ! quoi donc ?

— Votre concurrent Comtois lui a écrit pour lui demander d’appuyer sa candidature auprès de ses amis aux prochaines élections.

— Tiens ! Et que dit-elle de ça ?

— Elle dit que Comtois lui a promis pour prix de son influence de lui faire avoir les palmes immédiatement et la rosette à bref délai, et elle est prête à passer à l’ennemi si vous ne lui donnez pas rapidement satisfaction.

— Elle vous l’a dit ?

— Elle me l’a dit.

— Et vous avez lu la lettre ?

— Pas encore mais elle doit me la montrer.

— Si nous pouvions l’avoir, quelle force ce serait !

— Oui, mais c’est une fine mouche, elle se méfiera.

— Avec un peu d’adresse.

— Pas facile… Enfin, j’essaierai.

— Je compte sur vous ; ce serait un coup de maître.

À ce moment on frappa à la porte et Germaine entra.

— Vous m’avez fait demander, père ?

— Oui, entre. Enfin, Maurice, dit-il à son secrétaire, je compte sur votre adresse, sur votre flair. Et maintenant, vous pouvez disposer.

Maurice sortit dans le jardin, mais il flaira quelque nouvelle dans l’air. Du jardin il rentra dans sa chambre qui communiquait avec le cabinet du sénateur par une porte étouffée par une lourde portière. L’indiscrétion est un vilain défaut et il ne faut pas écouter aux portes ; il n’en est pas moins vrai que c’est un excellent moyen pour apprendre ce que l’on a intérêt à savoir. C’est ce moyen-là que Maurice allait employer.

Cependant M. Montfort avait fait asseoir sa fille auprès de lui, et il lui disait :

— Ma petite Germaine, il nous arrive une chose à laquelle nous devions nous attendre… ta situation… ton âge… et il faut bien le dire, ta beauté…

Germaine commençait à rougir.

— Bref, on te demande en mariage.

Le sourire de Germaine s’épanouit.

— Je vois à ta physionomie, continua son père, que la