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DU PHARAON

Le regard de Sélim se posa sur M. de Kervaleck dont le chagrin était pénible à voir. Il allait et venait, les yeux fixes, les lèvres serrées, se sentant devenir fou !…

Toute la vie de sa fille chérie lui revenait à l’esprit… Il se souvenait de sa joie quand sa jeune femme, sa douce Armelle lui avait montré le bébé blond qui venait de naître et qu’il n’osait toucher, le trouvant si frêle… Il revoyait la mignonne tenter ses premiers pas, sur les vertes pelouses du château, et plus tard, jolie à croquer sur le minuscule poney de Shetland qu’il lui avait donné et qu’elle sut bientôt mener, puis, devenue orpheline, l’accompagnant dans ses voyages… Il la revoyait, en Égypte, éclatant en sanglots, quand le serpent avait été éloigné de Sélim… Et au retour, si jolie, et d’une grâce d’ange, faisant sa première communion dans l’église où elle avait été baptisée… Il la voyait, par la pensée, grandir et cesser d’être enfant, pour devenir la délicieuse jeune fille dont son cœur de père s’enorgueillissait… Où était-elle ? Quel serait son sort, entre les mains de ses ravisseurs ?

Et le malheureux père sentait tout son sang bouillir de rage, de douleur et d’impuissance à cette horrible pensée…