Page:Oeuvres de madame Olympe de Gouges.pdf/469

Cette page n’a pas encore été corrigée

par écrit des avis ſincères que vous ne me crûtes pas capable, ſans doute, d’exécuter. Je les ſaiſis au-delà de vos eſpérances, & le reſſentiment que vous témoignâtes, en liſant en manuſcrit le Mariage inattendu de Chérubin, en aſſurant qu’il étoit inſoutenable dénué du talent Dramatique, ſans ordre, ſans plan ; enfin qu’il falloir le jetter au feu, prouve aſſez votre déſintéreſſement, & l’empreſſement que vous avez toujours mis à faire briller ce ſexe foible & malheureux. J’allois en effet livrer aux flammes cet enfant à qui vous aviez donné naiſſance, quand des mains plus bienfaiſantes que les vôtres l’ont ſauvé de l’incendie. Si je fus ingrate dans cette circonſtance, vous n’en fûtes pas moins dénaturé à ſon égard. Sa gloire ne pouvoit flatter ni votre ambition ni vos intérêts ; mais quelle occaſion n’avez-vous pas perdu de triompher de cette âpreté à vouloir envahir tout ? Mon Chérubin, protégé par vous, auroit pu monter au Théâtre Italien, & avoir même une place à la Comédie Françoiſe, pour repoſer un peu votre Figaro, qui ſe fatigue plus qu’il ne fatigue le Public. Il végète ce pauvre Chérubin en Province, malgré-la conſiſtance & l’âge de maturité que je lui ai donnés. Je ne puis ſans douleur le voir ſeul banni de la Capitale, lorſque tous les Théâtres inondent de tout ce qui a rapport à Figaro. Les vrais Connoiſſeurs ont aſſuré qu’il pourroit figurer avec lui, & voilà mon grand tort envers vous. Ah ! C… de B… Ah ! C… de B… vous êtes le véritable ami des femmes !… Permettez-moi de vous dire que vous vous trompez, que rien n’eſt plus faux que vous en faveur de mon ſexe. Vous pourrez trouver extraordinaire qu’une femme oſe ſe récrier