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choſes d’eſprit, dont il n’aurait pas eu à ſe repentir ; mais j’étais rivale de ſes talens, & je devenais pour lui un homme redoutable ; il n’y a pas de ſexe qui tienne contre ſon ambition. Je puis donc faire preuve du contraire de ce qu’il avance, que ce ſexe foible & opprimé trouva toujours en lui un véritable protecteur. O. C de B. je vois que j’ai en vous un redoutable ennemi ; mais ſans doute je ne ſerai pas digne de votre colère. Je ne ſais fi c’eſt à force d’être faible que je défie votre courage ; mais vous avez oſé dire que je n’étais pas l’auteur de mes productions, & c’eſt-là que je puiſe tous mes griefs contre vous. Vous l’avez dit à pluſieurs perſonnes. & même à mon fils, que vous m’avez fait la grace de prendre pour un de mes adorateurs, ſans le connaitre. Je ſuis femme, point riche, & je prétends à l’émulation honorable des hommes de mérite qui ont joint beaucoup de gloire à une honnête aiſance. Ne donc jamais permis aux femmes d’échapper aux horreurs de l’indigence, que par des moyens vils ? Ô faux protecteur de mon ſexe ! j’oſe, ſans avoir votre fortune, vous propoſer un acte de bienfaiſance. Il vaudra bien celui des nourrices, & vous donnera une occaſion de réaliſer aux yeux du public cette envie dévorante de commettre une belle action, dont il a douté juſqu’à ce moment ; aurez-vous la force de m’imiter ? Je parie cent Louis, vous en mettrez mille. En comparaiſon de nos deux fortunes, c’eſt vous faire un offre très-raiſonnable : je gage donc de compoſer en préſence de tout Paris, aſſemblé s’il ſe peut dans un même lieu, une Pièce de Théâtre ſur tel ſujet qu’on voudra me le donner