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PRÉFACE
SANS CARACTÈRE.

À laquelle mes fideles Amis ne manqueront pas d’ajouter l’Épigramme : Elle reſſemble à ſon Auteur.


Je n’ai pas l’avantage d’être inſtruite ; &, comme je l’ai déja dit : je ne ſais rien. Je ne prendrai donc point le titre d’Auteur, quoique je me ſois déja annoncée au Public par deux Pièces de Théâtre qu’il a bien voulu accueillir. Auſſi, ne pouvant imiter mes confrères, ni par les talens, ni par l’orgueil, j’écouterai la voix de la modeſtie qui me convient à tous égards. En conſervant cette douce fierté, apanage de mon ſexe, je prie le Lecteur de me lire ſans prévention & de me juger de même.

Je touche au moment terrible, où l’Écrivain le plus prévenu de ſon mérite frémit à l’approche du jour qui doit décider de ſa honte ou de ſa gloire. Ô préjugé atroce, dont le plus honnête homme n’eſt point exempt ! Le plus vil des humains eſt fêté, chéri, conſidéré, ſi ſon ouvrage a du ſuccès. Le plus honnête qui échoue, éprouve une eſpèce de deshonneur, un tel ridicule, que ſes amis même l’abandonnent ; voila le ſort, de ceux qui courent la carriere du Théâtre ; m’y voila moi-même montée avec autant de rapidité que j’en deſcendrai peut-être.

Amor & Mirza ou l’Heureux Naufrage, premier