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LA RECHERCHE DU BONHEUR

Notre prince partit pour aller chercher la demeure de John Bull ; mais d’abord il s’arrêta en France, royaume qui était sur sa route,

xiii.

M. Babouin, sortant d’une grande commotion, était agité comme un océan après la tempête, et indisposé sans savoir dire ce qui lui faisait mal, si ce n’est la gloire de sa maison qui avait reçu un échec ; il avait aussi quelques bosses à la tête qui annonçaient une récente querelle où il avait été un peu battu ( lui qui est si accoutumé à battre les autres[1],) Notre prince, quoique les sultans fassent peu d’attention à ces choses-là, crut peu délicat et inutile de lui demander s’il était heureux. Monsieur, voyant que c’était un homme comme il faut, lui cria Vive le roi ! et puis tout bas il ajoutai : Avez-vous des nouvelles de Nap ?

Le sultan lui répondit question pour question.

— Pouvez-vous, lui dit-il, me donner des nouvelles d’un certain John Bull, qui, je crois, est votre voisin ?

La demande parut de digestion difficile ; le Français leva les épaules, prit du tabac, et eut besoin de toute sa politesse.

xiv.

Après une pose il dit :

— Jean Boule, je le connais ; je me rappelle qu’il y a un an ou deux je le vis dans une plaine appelée Waterloo. Ma foi il s’est très-joliment battu, c’est-à-dire pour un Anglais, m’entendez-vous ? mais il avait avec lui un enfant de mille canons, appelé Wellington.

La politesse de Monsieur ne put cacher son dépit. Soliman lui fit ses adieux et passa le détroit.

xv.

John Bull était de très-mauvaise humeur, s’occupant de ses fermes stériles et de ses marchandises sans débouché. Il jetait ses pains de sucre et ses ballots, et battait sur

  1. Nous vous avouons que nous avons ajouté ce dernier membre de phrase, et nous osons croire que nous n’aurons pas de démenti. — Tr.