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DE SIR TRISTREM

Un nouveau personnage parait sur la scène ; c’est Canados, connétable du roi Marc, et encore un des adorateurs d’Ysonde, tant ce bon roi était malheureux dans le choix de ses favoris ! Canados entendant Ysonde qui chante un des lais que composa jadis Tristrem, l’interrompt avec discourtoisie, et lui déclare qu’elle est coupable de choisir un tel sujet de chant, d’abord parce que ses notes ressemblent aux cris d’une chouette, ou aux hurlemens d’un orage ; secondement, parce que Tristrem, dont la partialité lui rend les compositions si chères, lui a été infidèle et a épousé la fille du duc de Bretagne. Ysonde répond à Canados qu’il est un lâche et un calomniateur, l’accable de reproches et de malédictions, souhaite qu’il soit toujours aussi malheureux en amour qu’il l’a été avec elle, et le chasse de sa présence.

La reine, inconsolable des nouvelles qu’elle a reçues, monte à cheval avec Brengwain pour aller dans la forêt distraire sa mélancolie. Tristrem et son complaisant beau-frère Ganhardin arrivent dans le même lieu, et aperçoivent les dames. Tristrem envoie porter sa bague à Ysonde, comme un gage de son approche. Cependant le chien Peticrew a déjà reconnu son ancien maître, et court à lui pour le caresser. Ysonde, apprenant par le message de Ganhardin et par le gage de la bague, que Tristrem est près d’elle, prend la résolution de passer la nuit dans la forêt. Elle feint une indisposition, et ordonne qu’on lui dresse des tentes sous les arbres. Son entrevue avec Tristrem amène leur réconciliation. Brengwain et Ganhardin sont fiancés[1].


lxvii à lxxxiii.

Après deux jours passés dans la forêt, Tristrem et Ysonde sont au moment d’être surpris par Canados, qu’un espion a informé de ce qui est advenu. À cette nou-

  1. Dans le roman français, c’est de Gouvernail que Brenguien devient l’épouse. C’est d’Ysonde que Ganhardin est amoureux, et il meurt en terminant un madrigal à sa louange. — Ed.