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PRÉCIS DE L’HISTOIRE

jette tant de feu par les naseaux, qu’il consume toute l’armure du chevalier ; mais il est enfin tué. Le vainqueur lui coupe la langue, et la cache dans son haut-de-chausses (ou son bas), et revient à la ville : mais l’opération subite du venin le prive de ses sens.

Sur ces entrefaites, l’intendant du roi venant à passer par là, coupe la tête au dragon, la porte à la cour, s’arroge le mérite de la victoire, et demande la main de la princesse Ysonde et sa mère, ne pouvant ajouter foi aux paroles de l’intendant, prennent la résolution de visiter le lieu du combat : elles trouvent le coursier, les armes brisées de Tristrem, et enfin le chevalier lui-même. Revenu à la vie par l’application de la thériaque, le véritable vainqueur vient faire valoir ses droits à la victoire, et produit la langue du dragon. Il offre en même temps, pour garantie, son vaisseau et sa riche cargaison, et demande le combat singulier contre le perfide intendant. Comme Tristrem ne se donne que pour un marchand, Ysonde exprime le regret qu’il ne soit pas chevalier.

xl à xlviii.

La reine et Ysonde admirent la bravoure, l’air noble et la beauté de Tristrem. Elles le conduisent elles-mêmes au bain ; et la reine va chercher pour lui un breuvage particulier. Cependant Ysonde soupçonne enfin que l’étranger n’est autre que son ancien précepteur Tremtris. En cherchant à confirmer cette conjecture, elle examine son épée, qu’elle trouve ébréchée. En comparant la brèche avec le fragment retiré de la blessure de Moraunt, Ysonde découvre que le possesseur de cette arme est celui qui a tué son parent : elle reproche à Tristrem cette mort, et fond sur lui avec sa propre épée. Sa mère arrive au même moment, prend part au ressentiment d’Ysonde, dès qu’elle apprend que c’est Tristrem qui est devant elle. L’arrivée du roi empêche notre héros d’être tué dans le bain.

Tristrem déclare, pour sa défense, qu’il a tué Moraunt dans un combat légitime ; et, avec un sourire qu’il adresse