Il suspend sa harpe magique à ses épaules, à la manière des ménestrels ; ses cordes, que le vent fait vibrer, jettent un son mourant et mélancolique.
Il part ; il tourne souvent la tête pour voir son antique château ; les rayons d’une lune d’automne versaient une douce lumière sur les créneaux noircis de la tour.
L’onde argentée du Leader s’agitait en flots lumineux dans une perspective lointaine ; les sommets imposans du Soltra se groupaient en masses obscures.
— Adieu, château gothique de mon père, adieu pour long-temps, dit-il ; tu ne seras plus le rendez-vous des plaisirs, de la magnificence et du pouvoir.
— Il n’y aura plus un pouce de terre qui porte le nom de Learmont, et le lièvre laissera ses petits sur ton foyer hospitalier.
— Adieu, adieu, s’écria-t-il encore en détournant les yeux ; adieu, onde argentée du Leader ; adieu, château d’Erceldoune !
Le cerf et la biche s’approchèrent de lui pendant qu’il s’éloignait à regret ; et là, devant Douglas, il traversa le fleuve avec ses deux guides.
Lord Douglas sauta sur son coursier noir comme le jais, et le lança dans les flots du Leader ; mais vainement les suivit-il avec la rapidité de l’éclair, il ne les revit plus.
Les uns dirent qu’ils avaient poursuivi leur voyage merveilleux du côté des collines, les autres du côté du vallon ; mais on ne vit plus parmi les hommes Thomas d’Erceldoune,