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THOMAS LE RIMEUR.

ment à l’oreille : les convives silencieux restent immobiles et penchés ; ils semblent écouter encore.

XXIV.

Bientôt la douleur éclate en faibles murmures ; ce ne sont pas les dames seules qui soupirent ; mais, honteux à demi, maint rude guerrier essuie ses joues basanées avec son gantelet de fer.

XXV.

Les vapeurs du soir sont suspendues sur les ondes du Leader et sur la tour de Learmont : chaque guerrier va chercher le repos dans le camp ou dans le château.

XXVI.

Lord Douglas, étendu dans sa tente, rêvait au mélancolique récit de Thomas, lorsque des pas légers viennent, dans l’ombre, frapper l’oreille du guerrier.

XXVII.

Il tressaille et se dresse : — Debout ! Richard, debout ! dit-il ; lève-toi, mon page ; quel téméraire ose donc venir pendant la nuit au lieu où Douglas repose ?

XXVIII.

Le seigneur et son page sortent de leur tente ; ils se dirigent vers les flots du Leader, et voient sur ses rives un spectacle étrange : c’étaient un cerf et sa biche, blancs comme la neige qui tombe sur Fairnalie

XXIX.

Ils marchent de front au clair de la lune, levant fièrement la tête ; ils ne sont point effarouchés par la foule qui accourt pour les voir passer.

XXX.

Un jeune page léger à la course est dépêché au château de Learmont ; Thomas, entendant son message, se lève en sursaut, et s’habille à la hâte.

XXXI.

Pâlissant et rougissant tour à tour, il ne dit que ces trois paroles : — Le sable de ma vie est écoulé ; le fil de mes jours est filé ; ce prodige me regarde.