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THOMAS LE RIMEUR.

tion qui fait que les lazzaroni de Naples regardent Virgile comme un magicien, a élevé le barde d’Erceldoune au rang de prophète.

Peut-être lui-même y prétendit-il pendant sa vie. Nous savons du moins que déjà peu de temps après sa mort on parlait de ses connaissances surnaturelles. Ses prédictions sont citées par Barbour et par Winton, vulgairement appelé Barry l’aveugle.

Aucun de ces auteurs cependant ne donne le texte des prophéties du Rimeur ; mais ils se contentent de raconter en historiens qu’il a prédit les événemens dont ils parlent.

La plus moderne des prophéties attribuées à Thomas d’Erceldoune est citée par M. Pinkerton d’après un manuscrit. C’est une réponse supposée faite à la comtesse de March, cette héroïne renommée par la défense du château de Dunbar contre les Anglais, et appelée dans le dialecte familier de son temps la noire Agnès de Dunbar. Comme je n’ai jamais vu le manuscrit où sir Pinkerton a puisé cet extrait, et que ce savant en fixe, la date au règne d’Édouard <span title="Nombre Ier écrit en chiffres romains" style="text-transform:uppercase;">Ier, je me hasarde avec peine à le déclarer apocryphe.

Si j’osais me permettre une conjecture, je dirais que cette prophétie avait été arrangée en faveur des Anglais contre l’indépendance de l’Écosse. Il en est de même de celle qu’on supposa pour le régent duc d’Albany.

Le nom de Thomas d’Erceldoune a servi plusieurs fois d’autorité, et outre ces prophéties, publiées sous son nom, Gildas, personnage fictif, est supposé lui devoir toute sa science ; car il conclut en ces termes : — Voilà ce que m’a révélé dans des temps de malheur le véridique Thomas sur les collines d’Eildon.

Dans le recueil des prophéties écossaises réunies par Hart, le prophète Berlington dit aussi : — Merveilleux Merlin, et toi., Thomas, interprète de l’avenir !

Puisque ce nom se présente, je demanderai la permission aux antiquaires d’appeler leur intention sur Merdwynn-Wyllt ou Merlin le sauvage, auteur des prophéties écossaises, qu’on ne doit point confondre avec Ambroise Merlin, l’ami d’Arthur.

Fordun nous apprend que ce personnage a habité Drummelziar, où il errait dans les bois comme un autre Nabuchodonosor, pleurant le meurtre de son neveu. Dans le Scotichronicon