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n'a chanté de combat plus fécond en exploits. — Ton pin glorieux est encore debout, quoique dépouillé de plus d’un noble rameau.

XIV.

Le Chef se leva sur son séant : le feu de la fièvre étincelait dans ses yeux ; des taches pâles et livides donnaient un aspect horrible a son front et à ses joues basanées.

— Ecoute, ménestrel : dans cette île solitaire où le barde ne charmera jamais plus les loisirs du guerrier, ta harpe nous fît entendre, aux jours de fête, cet air de gloire qui rappelle notre triomphe sur les fils de Dermid; répète-le... et puis fais-moi la peinture du combat qui a été livré aux Saxons par mon brave clan : ce sera une chose facile pour toi, menestrel inspiré. Je te prêterai une oreille attentive, jusqu’à ce que mon imagination me fasse entendre le choc des armes. Alors ces grilles, ces murs s’évanouiront à mes yeux, je croirai voir le glorieux champ de bataille, et mon ame prendra librement son dernier essor, comme si elle s’élevait triomphante du milieu de la mêlée.

Le barde tremblant obéit avec respect, et laissa errer lentement sa main sur les cordes de la harpe; mais bientôt le souvenir de ce qu’il avait vu du haut de la montagne , mêlé au récit que Bertram lui avait fait pendant la nuit, réveilla tout son génie poétique, et il s’abandonna au sublime élan de son enthousiasme. Tel un navire mis à flot quitte d’abord la côte avec lenteur et timidité ; mais, lorsqu’il suit l’impulsion des flots plus éloignés du rivage, il vole aussi rapide que l’éclair.

XV.
LA BATAILLE DE BEAL' AN DUINE.

— Le ménestrel vint saluer une dernière fois la cime occidentale du Ben-Venu ; car, avant de partir, il voulait dire adieu à l’aimable lac Achray... Où trouvera-t-il sur la terre étrangère un lac aussi solitaire, un rivage plus doux ?