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Saxon atteignit son ennemi, et trois fois son sang, s’échappant à grands flots, rougit ses tartans. Le farouche Roderic sent augmenter sa soif de vengeance, et ses coups tombent pressés comme les grains de la grêle. Tel qu’un rocher ou une tour qui brave tous les orages de l'hiver, le Saxon, toujours invulnérable, oppose l’adresse à l’impétuosité de la fureur, et, profitant d’un avantage , il désarme Roderic, et fait voler au loin son épée. Le fils d’Alpine recule , chancelle, et tombe aux pieds de son ennemi.

XVI.

— Rends-toi, ou, par le Dieu du ciel, je vais te plonger mon glaive dans le cœur !

— Je dédaigne et tes menaces et ta pitié ! Parle de se rendre au lâche qui craint de mourir !

Tel que le serpent qui déroule soudain ses anneaux , tel que le loup qui brise les pièges qui le retiennent captif, tel que le chat-pard qui combat pour ses petits, Roderic s’élance à la gorge de Fitz-James, reçoit une nouvelle blessure dont il s’aperçoit à peine, et enlace son ennemi dans ses bras nerveux. — C’est ici, vaillant Saxon, que toute ta vigueur t’est nécessaire ! Ce n’est pas une jeune fille qui te presse avec amour ; une triple cuirasse de fer et d’airain ne t’empêcherait pas de sentir celte étreinte du désespoir !

Ils luttent avec des efforts redoublés.... Ils tombent ; Fitz-James est sous Roderic.

La main du montagnard lui serre la gorge; son genou est appuyé sur son sein ; il écarte les boucles de ses cheveux, essuie son front et ses yeux souillés de sang et de poussière, et il fait briller en l’air sa dague menaçante.

Mais la haine et la rage ne peuvent plus suppléer à l'épuisement des sources de sa vie ; il a obtenu trop tard l'avantagc qui allait faire tourner pour lui les chances de ce combat à mort ; pendant qu’il brandit son glaive, un