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LE ROI DU FEU

mage au bouclier du croisé, et il laissa involontairement échapper ces mots : Bonne grâce, Notre-Dame !

XXXI.

L’épée enchantée a perdu toute sa vertu ; elle abandonne la main du comte, et disparaît à jamais ; — il en est qui prétendent qu’un éclair la reporta au redoutable monarque du feu.

XXXII.

Le comte grince les dents ; il étend sa main armée du gantelet, et d’un revers il jette le jeune téméraire sur le sable. Le casque brisé du page laisse voir en roulant ses yeux bleus et les boucles d’or de sa chevelure.

XXXIII.

Le comte Albert reconnaît avec horreur ces yeux éteints et ces cheveux souillés de sang. Mais déjà les Templiers accourent semblables au torrent de Cédron, et le fer de leurs longues lances immole les soldats musulmans.

XXXIV.

Les Sarrasins, les Curdes et les Ismaélites reculent devant ces religieux guerriers ; les vautours se rassasièrent des cadavres de ces infidèles depuis les sources de Bethsaida jusqu’aux collines de Nephtali.

XXXV.

La bataille est terminée sur la plaine de Bethsaida….. Quel est ce païen étendu parmi les morts ? Quel est ce page immobile à ses pieds ? … C’est le comte Albert et la belle Rosalie.

XXXVI.

La jeune chrétienne fut ensevelie dans l’enceinte sacrée de Salem ; le comte fut abandonné aux vautours et aux chacals. Notre-Dame prit en merci l’âme de Rosalie, celle d’Albert fut portée par l’ouragan au roi des flammes.

XXXVII.

Le ménestrel chantait ainsi sur sa harpe le triomphe de la croix et la défaite du croissant. Les seigneurs et les dames soupirèrent au milieu de leur gaieté, en entendant l’histoire du comte Albert et de la belle Rosalie.