Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/406

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désert où jamais n’a brillé une fleur aussi belle ; je veux t’entraîner loin de ces lieux, théâtre de guerre et de carnage. Mes chevaux m’attendent près de Bochastle ; ils nous auront bientôt conduits jusqu’aux portes de Stirling. Je te déposerai dans un asile délicieux ; je veillerai sur toi comme sur une fleur précieuse !...

— Arrête, chevalier ! interrompit Hélène ; ce serait un artifice coupable de dire que je ne devine pas ton espoir : ma vanité a écouté une première fois tes louanges avec trop de complaisance ; cet appât fatal t’a fait braver les périls et la mort. Comment, hélas ! réparer les malheurs que ma vanité a causés !... Une seule ressource me reste.,. je veux tout avouer oui, je veux forcer mon cœur à se punir lui-même ; sa légèreté a failli me perdre ! que la honte de cet aveu m’obtienne ton pardon !... Mais d’abord sache que mon père est proscrit, exilé, déclaré traître à son roi. Le prix du sang est sur sa tête ; ce serait s’exposer à l’infamie que de m’accepter pour épouse... Tu ne te rends pas à ces motifs ?— Hé bien ! apprends toute la vérité ! Fitz-James, il est un noble jeune homme,... s’il vit encore,... qui s’est exposé à tout pour moi et pour les miens... Te voilà maître du secret de mon cœur ; pardonne-lui : sois généreux, et pars.

XVIII.

Fitz-James connaissait toutes les ruses qui séduisent le cœur volage d’une jeune beauté, mais il sentit bientôt qu’ici toutes les ruses seraient inutiles : les yeux d’Hélène ne laissèrent échapper aucun de ces regards qui démentent un premier refus ; elle témoigna toute la confiance d’un cœur innocent ; quoique le vermillon de la pudeur colorât ses joues, elle déclara son amour avec le douloureux soupir du désespoir, comme si, privée de son cher Malcolm, elle eût gémi sur sa tombe.

Fitz-James perdit toute espérance ; Hélène ne lui inspira que l’intérêt d’une douce sympathie. Il offrit de l’accompagner comme un frère accompagne sa sœur.