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dangers de la guerre, quand l'essaim belliqueux des guerriers d’Alpine est intimidé par l’approche de l'orage. La nuit dernière j’ai vu les navires de Roderic flotter longtemps à la lueur des torches, et fendre avec rapidité l'onde paisible, tels que ces éclairs lancés par les feux étincelans du nord. J'ai remarqué ce matin tous ces bâtimens, amarés en rangs pressés dans la baie de l'ile solitaire , comme une famille d oiseaux aquatiques tapis dans un marais, quand le vautour plane dans les cieux. Si cette race farouche n’ose pas braver le péril sur la terre ferme, ton noble père ne doit-il pas avoir la prévoyance de te préparer un refuge assuré ?

X.
HÉLÈNE.

Non, Allan-Bane, non, un prétexte semblable ne peut endormir mes craintes. Douglas m’a donné sa bénédiction en prononçant ses adieux avec un accent tendre et solennel; la larme qui est venue mouiller sa paupière n’a pu le détourner de sa résolution inaltérable. Je ne suis qu’une femme ; mais mon ame, toute faible qu’elle est, peut retracer l’image de la sienne, comme le lac dont la plus légère brise trouble la sérénité, mais qui réfléchit dans son cristal le rocher inébranlable.

Douglas apprend que la guerre va tout embraser; il se croit la cause de tous les malheurs qui menacent l'Écosse. Il a rougi, Allan, quand tu nous as raconté ce songe mensonger qui t’a fait voir Malcom Grœme chargé de fers attachés par moi-même à ses bras. Penses-tu que ce triste augure a effrayé Douglas ? Non , Allan; mais son ame généreuse s'est alarmée pour ce vaillant jeune homme, et pour Roderic lui-même, cet ami si fidèle.... Je dois lui rendre cette justice : ils sont tous deux dans le péril, et pour notre cause. Douglas n’a pu résister à cette cruelle pensée... Je devine le sens de ses paroles solennelles : — si nous ne devons plus nous revoir sur la terre, ce sera