Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
LE ROI DU FEU

comte Albert tenait peu à sa foi et à son serment de chevalier. Une belle païenne avait conquis son cœur volage. C’était la fille du soudan qui régnait sur le mont Liban.

XI.

— Brave chrétien, lui a-t-elle dit, veux-tu obtenir mon amour, tu dois faire tout ce que j’exigerai de toi. Adopte nos lois et notre culte, tel est le premier gage de tendresse que te demande Zuléma.

XII.

Descends ensuite dans la caverne où brûle éternellement la flamme mystérieuse qu’adorent les Curdes ; tu y veilleras pendant trois nuits en gardant le silence : ce sera le second gage d’amour que recevra de toi Zuléma.

XIII.

Enfin tu consacreras ton expérience et ta valeur à chasser de la Palestine les profanes chrétiens, j’accepterai alors le titre de ton épouse, car le comte Albert aura prouvé qu’il aime Zuléma.

XIV.

Albert a jeté de côté son casque et son épée, dont la garde figurait une croix ; il a renoncé au titre de chevalier, et a renié son Dieu, séduit par la beauté de la fille du mont Liban ; il a pris le cafetan vert, et paré son front du turban.

XV.

Dès que la nuit arrive, il descend dans le caveau souterrain dont cinquante grilles et cinquante portes de fer défendent l’accès. Il veille jusqu’au retour de l’aurore, mais il ne voit rien si ce n’est la lueur de la flamme qui brûle sur l’autel de pierre.

XVI.

La princesse s’étonne, le soudan partage sa surprise ; les prêtres murmurent en regardant Albert ; ils cherchent dans ses vêtemens, et y trouvent un rosaire, qu’ils lui arrachent et jettent aussitôt.