Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/387

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Brigite. Marie de Tombea s’unissait au jeune Norman, héritier d’Armandave. Les amis et les parens de l’heureux couple passaient sous les arceaux gothiques , et allaient se remettre en marche après la cérémonie nuptiale. Les vieillards, en habits de fête, souriaient au souvenir de leurs premiers plaisirs : les compagnons de l’époux cherchaient à exciter la gaieté des jeunes filles, qui feignaient de ne pas les écouter ; les enfans faisaient entendre leurs bruyantes clameurs, et les ménestrels célébraient à l'envi les attraits de la nouvelle épouse , dont l’œil était baissé avec modestie. Ses joues vermeilles rappelaient l’incarnat de là rose sur laquelle étincelle une larme de l’aurore. Elle s’avance d’un pas timide, et sa main tremblante tient les plis de son voile, dont le tissu a la blancheur de la neige.

Le fiancé marche à côté d’elle en la contemplant avec un air de triomphe , et l’heureuse mère lui parle à l’oreille avec le sourire de la joie.

XXI.

Quel est celui que le cortège rencontre sur le seuil du temple ?… Le messager de la terreur et du trépas. Il balbutie avec l’accent de la précipitation ; ses yeux nagent dans la douleur. Encore humide des flots du torrent, souillé par la poussière, respirant à peine, il présente le signal des batailles, et répète les paroles de Malise :

— Le rendez-vous est dans la prairie de Lanrick ; hâte toi, Norman, de porter ce signal.

Quoi donc ! faut-il qu’il abandonne la main qu’un saint nœud vient d’unir à la sienne, pour s’armer de la fatale croix et de l’épée ! faut-il que ce jour qui a commencé sous de si heureux auspices, et qui promettait des plaisirs si doux à son déclin, sépare, avant le coucher du soleil, un époux de celle dont il vient de recevoir la foi ! Cruelle destinée !… il le faut ! La cause du clan d’Alpine, la gloire de Roderic, son terrible signal ne souffrent aucun délai, il faut partir,— Norman ; obéis sans hésiter.