Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/386

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tiriez vos glaives de leurs fourreaux au premier signe de Duncan, courez aux armes ! soyez les défenseurs de l’héritier de votre Chef ! laissez aux femmes et aux enfans le soin de pleurer le héros.

À ces mots le choc des armes et les clameurs belliqueuses retentissent dans la salle funèbre : tous les vassaux détachent des murailles les claymores et les boucliers : un feu passager ranime les yeux abattus de la veuve, comme si ce tumulte cher au héros allait réveiller Duncan dans son cercueil ! Mais ce courage emprunté s’évanouit bientôt ; la douleur réclama ses droits, et les larmes coulèrent encore.

XIX.

Benledi reconnut la croix de feu : elle brilla comme l’éclair sur le sommet de Strath-ire, et parcourut les vallons et les collines. Le jeune Angus ne prend pas un seul instant de repos ; il laisse sécher par la brise des montagnes la larme qui vient mouiller sa paupière. Il voit enfin rouler les ondes naissantes du Teith, qui baignent la base d'un coteau boisé, dont la verdure s’étend jusque sur le sable de la rive : c’est là que s’élève la chapelle de Sainte-Brigite. Le fleuve était gonflé par la crue de ses eaux ; le pont était éloigné : mais Angus n’hésite pas, quoique les sombres flots bondissent et achèvent ; d’éblouir ses yeux déjà troublés par la douleur ; il se précipite à travers le torrent qui écume et rugit ; sa main droite élève la croix ; sa main gauche a saisi sa hache d’armes pour guider et raffermir ses pas. Deux fois il chancelle.... l’écume jaillit au loin, le torrent gronde avec une violence nouvelle..... Si Angus tombe c’en est fait de l’orphelin de Duncraggan ! Mais sa main serre la croix des combats avec plus de force, comme s’il était au moment de périr. Il parvient à la rive opposée, et gravit le sentier qui conduit à la chapelle.

XX.

Un joyeux cortège s'était rendu à la chapelle de Sainte-