Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/368

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promenait ses regards autour de lui, et tantôt il les fixait sur la terre, comme un homme qui étudie la manière la plus convenable de commencer un triste récit. Il mania long-temps, comme par distraction, la poignée de sa dague ; et puis, prenant soudain un air fier, il dit :

XXVIII.

— Je vais parler en peu de mots ; le temps presse, et d'ailleurs les phrases préparées répugnent à ma franchise naturelle... Ecoutez-moi tous, vous d’abord mon cousin et mon père, si Douglas du moins permet à Roderic de lui donner ce nom... ma respectable mère, et vous, Hélène. .. Pourquoi détournez-vous la vue ? ô mon aimable cousine !... Toi aussi, Grœme, en qui j’espère bientôt reconnaître un ami ou un ennemi généreux, quand l’âge t'aura donné tes domaines et le commandement de tes vassaux ! Prêtez-moi tous votre attention. — L’orgueil vindicatif du roi se vante d’avoir dompté nos frontières, où des Chefs, qui étaient allés joindre leur prince à la chasse avec leurs meutes et leurs faucons , tombèrent eux-mêmes dans un piège funeste, et d’autres, qui avaient préparé un banquet et croyaient recevoir un hôte royal, furent indignement pendus aux portes de leurs châteaux. Leur sang crie vengeance dans les prairies de Meggat, parmi les fougères de l'Yarrow, sur les rives de la Tweed, dans les lieux qu'arrose l’onde solitaire de l’Ettrick, et sur les bords du Teviot ; tous ces vallons, où des clans guerriers guidaient leurs chevaux, ne sont plus que d’arides déserts. Le tyran de l’Ecosse, si connu par ses perfidies et ses vengeances, vient dans ces lieux : c’est le même dessein qui l'amène ; il a choisi de nouveau le prétexte de la chasse : que le sort des guerriers de la frontière nous fasse juger de la grâce que peuvent espérer de lui les Chefs des montagnes ! Bien plus , on t’a reconnu , ô Douglas ! dans la forêt de Glenfinlas : j’en suis informé par un espion sûr, et je te demande ton avis dans cette situation critique.