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Ils passèrent la pointe de Brianchoil, et en prenant l’avantage du vent ils déployèrent au soleil le pin dessiné sur la bannière du fier Roderic.

A mesure qu’ils s’approchent on voit étinceler les lances, les piques et les haches d’armes. Déjà on distingue les tartans , les plaids et les panaches ondoyans.

Les matelots s’inclinent et se redressent chaque fois que la rame frappe les flots, qui gémissent sous leurs efforts, étincellent, et s’élèvent en vapeur. Les ménestrels sont sur le tillac ; les riches banderoles qui ornent le bourdon de leurs cornemuses descendent jusque sur le sein de l’onde pendant qu’ils font résonner sur le lac l’antique chant des montagnes.

XVII.

Le pibroc retentit de plus en plus ; d’abord les sons , adoucis par l’éloignement et arrêtés par les inégalités du cap et de la baie arrivaient au rivage de l’île, dépouillés de toute intonation trop rude. Mais bientôt on peut facilement reconnaître les sons aigres et perçans de la marche guerrière qui appelle aux combats le clan d’Alpine. Ce sont des notes rapides comme les pas précipités de mille guerriers qui accourent au rendez-vous, et ébranlent la terre par leur course rapide. A un prélude plus léger qui exprime ensuite leur marche joyeuse, succèdent le signal du combat, les clameurs confuses, le cliquetis des armes et le choc des boucliers. Après un repos dont le silence a quelque chose de triste, la musique retrace une nouvelle mêlée, la charge impétueuse, le cri de ralliement, la retraite changée en déroute, et la voix de la victoire qui proclame le clan d’Alpine.

Ces sons bizarres se terminaient par un murmure plaintif et prolongé qui aux clairons de la gloire faisait succéder l’hymne funèbre pour ceux qui n’étaient plus.

XVIII.

Les cornemuses avaient cessé de se faire entendre ; mais le lac et les coteaux répétaient une nouvelle harmonie ; un