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DE SAINT–BENOÎT

Plongé dans ses rêveries profondes, il levait enfin les yeux lorsqu’il fut parvenu à ce séjour mélancolique où l’œil ne pouvait apercevoir que des ruines.

XIII.

Il soupira avec amertume en contemplant ces murs calcinés, et un moine de Saint-Benoît étendu sur une pierre.

— Que le Christ t’écoute, dit le serviteur du ciel : tu es sans doute quelque pèlerin malheureux ? Lord Albert le fixe avec des yeux surpris et attristés, mais il ne répond rien.

XIV.

— Viens-tu de l’Orient ou de l’Occident ? demanda le moine. Apportes-tu de saintes reliques, as-tu visité la châsse de saint Jacques de Compostelle, ou viens-tu de la chapelle de saint Jean de Beverley ?

— Je ne viens point du pèlerinage de Compostelle ; je n’apporte point des reliques d’Orient, mais j’apporte une malédiction de notre Saint-Père le pape, une malédiction qui me suivra partout.

XV.

— Cesse de le croire, infortuné pèlerin. ! Fléchis le genou devant moi, et confesse ton crime afin que je puisse t’absoudre.

— Et qui es-tu, moine, pour avoir le droit de me remettre mes péchés, lorsque celui qui tient les clefs du ciel et de la terre n’a pu m’en accorder le pardon.

XVI.

— Je viens, dit le moine, d’un climat lointain ; j’ai parcouru plus de mille lieues exprès pour venir absoudre un coupable d’un crime commis dans ce lieu même.

Le pèlerin s’agenouilla, et commença en ces termes sa confession, pendant que le moine appuyait une main glacée sur sa tête humblement fléchie…..........